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Les gens les lieux

 

Skrid-danevell emvod-meur ar sadorn 9 aviz meurzh 2013

Lec’h: Minihi Levenez Trelevenez

Roll an devezh:

  1. Skrid a-zivout oberiantizioù ar bloavezh 2012

  2. Skrid a-zivout arc’hant ar bloavezh 2012

  3. Raktresoù 2013 – poelladoù – al lec’hienn internet

  4. Dilennadegoù ar c’huzul-merañ

  5. Dilennadegoù ar burev

                      

 

 

                    

 

Procès verbal de l’Assemblée  du samedi 9 mars 2013 

Lieu : Minihi Levenez Tréflévénez

 
Ordre du jour :

 
1- Rapport d’activités de l’année 2012
2- Rapport financier de 2012
3- Projets 2013 – Réflexions- le site internet
4- Elections au conseil d’administration
5- Elections du bureau

 

                   

 

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LIZER NEDELEG SKRIVET GANT ABUNA YACOUB PERSON AN ILIZ MELKITE E BETHLEEM.

 

LETTRE DE NOEL ECRITE PAR ABUNA YACOUB CURE DE L'EGLISE MELKITE DE BETHLEEM.

 

Bethléem, le 1er décembre 2013

 

Chers amis,

 

En ce début du mois de décembre, nous sommes heureux de vous adresser notre lettre de nouvelles de l’année écoulée, dans l’action de grâce pour tout ce que Dieu nous a permis de réaliser. Comme chaque année, malgré la situation, Bethléem se prépare à fêter Noël. Comme chaque année, nous nous préparons à offrir à l’Enfant de la crèche nos chants de louange et d’adoration.

 

 

Cette année a été marquée par un certains nombre d’événements importants pour les Eglises de notre région. Le 24 janvier a été élu le patriarche Nourhan Manouhan pour les arméniens orthodoxes de Jérusalem. Le début de l’année a également connu une tempête de neige sans précédent dans la région de Jérusalem et Bethléem, et jusqu’en Syrie et Jordanie. Le 31 janvier, une célébration fut organisée autour de la signature d’un partenariat fraternel entre la custodie de Terre Sainte et l’Université de Bethléem afin d’acquérir la propriété du Mont David.

 

 

La démission du pape Benoît XVI en février a été une surprise pour tous. Le 6 mars, quand les cardinaux ont élu le cardinal Jorge Mario Bertoglio, archevêque de Buenos Aires, qui a pris le nom de François, nous avons été touché de voir le visage humble et pauvre qu’il présenta au monde. Le 10 mai, il a accueilli le nouveau pape des coptes, montrant son ouverture pour l’avancement des l’unité des Eglises. Les gestes de rapprochement fraternel, mais aussi le respect qu’il témoigne pour les traditions des Eglises orientales nous semblent de bon augure. Nous attendons avec impatience sa visite en 2014.

 

 

Toutes les Eglises catholiques de la région ont participé à l’année de la foi, avec des propositions diverses selon les paroisses. Nous étions représentés à la cérémonie solennelle de clôture pour toute la Terre Sainte qui s’est déroulée à Nazareth, présidée par sa Béatitude Fouad Twal le 17 novembre dernier en présence de plusieurs évêques de la région. Fin novembre, notre patriarche a rencontré le Saint Père à l’occasion de la rencontre avec les responsables des Eglises orientales catholiques. Quelques jours plus tard, une délégation de notre Eglise de Jérusalem visitait à son tour l’évêque de Rome. Malheureusement, aucun de nos fidèles n’a pu se joindre au groupe.

 

 

En Palestine, la situation politique n’est pas brillante. Ayant mis notre espoir dans les Cieux, nous tâchons de soulager nos proches le mieux possible par les secours de la foi et de la charité. Les petites sœurs de Jésus, chez qui nous assurons la messe tous les 15 jours animent également la communauté par une présence toute simple. Les moniales de l’Emmanuel, qui célèbrent ces jours-ci leur jubilé d’or, proposent à ceux qui le souhaitent de vivre avec elles les offices des grandes fêtes liturgiques. Chaque année, nous rassemblons les dames de la paroisse chez elles pour une journée de retraite spirituelle avant Noël et avant Pâques.

 

 

Cette année nous avons continué à accueillir des groupes de pèlerins pour une messe, une rencontre, le repas de midi. Inch’Allah nous restons en santé pour continuer d’assumer cet apostolat. Les neuf chambres de notre hôtellerie nous permettent également l’accueil de pèlerins en plein centre de Bethleem.

 

 

Nous nous inquiétons de la situation qui ne se stabilise ni en Syrie, ni au Liban, ni en Egypte, ni en Irak, provoquant la souffrance des plus faibles et des innocents ainsi que l’exode des chrétiens, privant l’Orient d’une diversité qu’il a pourtant connue pendant des siècles. Nous devons constater que la politique américaine ne prend pas du tout en compte cette question.

 

 

En septembre, malgré quelques accrocs de santé dans l’année, j’ai décidé de répondre aux invitations qui m’étaient faites en France, et je n’ai pas regretté. En Bretagne, Leila et moi avons pu assister aux magnifiques pardons de Crozon et de Camaret, au bord de la mer. A Saint Herblain, nous avons revu avec joie les membres de la dynamique association Avenir Jeunes Bethléem, à Rennes, les Amis de la Théotokos. Nous sommes également passés par Blois, où nous sommes toujours si bien accueillis, mais aussi à Paris et à Versailles. Comme je le partageais à mon retour à Sr Jeanne, dont j’ai visité les parents : « on sent vraiment qu’on est comme une famille ! ». Merci à tous nos hôtes de nous permettre chaque année cette bouffée d’oxygène européenne qui nous aide à supporter l’enfermement et la morosité qui touchent parfois notre région. Rappelez-vous que nous sommes toujours très heureux de pouvoir vous accueillir à Bethléem.

 

Mes enfants et petits-enfants grandissent bien. Mes fils Charles et Faadi se dévouent toujours autant pour la paroisse, en particulier le dimanche, où toute la famille avec les seize petits enfants est rassemblée pour chanter la liturgie. La salle paroissiale est terminée, mais il reste à aménager les deux étages. Nous avions promis aux jeunes un centre d’accueil que nous espérons terminer en 2014 grâce à votre soutien. Ma fille Marlène, outre ses responsabilités familiales, m’aide beaucoup pour le parrainage des enfants dans les écoles chrétiennes de Bethleem. Depuis quelques années, elle s’investit également auprès de l’atelier de l’Arche de Jean Vanier ouvert à Bethléem, qui produit de magnifiques objets en feutrine commandé dans le monde entier.

 

 

 

 

 

Dans cette situation difficile je vous remercie encore une fois de votre soutien et de votre fidélité. Vous trouverez ci-dessous nos coordonnées bancaires si vous pouvez nous aider, malgré la crise qui touche tout le monde ici, comme chez vous. Mais n’est-ce pas vrai qu’il y a plus de joie à donner qu’à recevoir ? Avec toute notre amitié, nous vous souhaitons un joyeux Noël et vous adressons tous nos vœux de paix, joie et santé pour l’année 2014,

 

 

 

 

 

Abuna Ya’coub Abou Sa’da

 

 

 

 

 

Abouna Ya’coub Abou Sa’da

 

The Roum Catholic Melkite Church

 

Cairo Amman Bank – Bethlehem branch

 

Bank Account: 2150044950900 (Euro)

 

Bank Ranche No.: 0807

 

IBAN: PS19 CAAB 0807 0000 2150 0449 5090 0

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Contribution d'Yves de Boisanger

Gouel er Minihi da 27 a viz here 2012 / le 27 octobre 2012

 

 

Y aura-t-il encore, demain, des « bretonnants chrétiens »  ?

 

 

Des « bretonnants » ? Il y en aura toujours : une langue ne meurt pas si facilement que ça …

 

D’ailleurs, grâce à Diwan et à la dynamique déclenchée, le breton connaît un renouveau porteur d’espoir.

 

Des « bretonnants » ? Il y en aura toujours. On peut même prédire, sans grand risque d’erreur, que l’avantage décisif qu’ils ont avec le bilinguisme précoce, en fera très vite une composante incontournable de l’élite régionale.

 

Seulement, ces « bretonnants », seront-ils « chrétiens » ?

 

Telle est bien la question posée.

 

Pour y répondre, commençons par regarder, ensemble, la nature exacte du problème.

 

Tant que le breton restera une langue minoritaire et menacée, être bretonnant relèvera d’un choix personnel fort. Disons les choses clairement : être bretonnant relèvera d’un choix d’amour militant. Or un tel choix s’accompagne toujours d’un sentiment d’hostilité, de rejet, pour tout ce qui ne reconnaît pas la légitimité de son amour ; pour tout ce qui affecte de l’ignorer ou, pire, pour tout ce qui lui refuse le droit de se manifester  là où il devrait avoir le plus sa place ; en l’occurrence, au moins historiquement, l’espace religieux.

 

On aura compris que le problème va se poser lorsque la dernière génération des bretonnants - de naissance et non de choix personnel -  aura fini de disparaître. A ce moment là, on peut craindre qu’il n’y ait que bien peu de chance d’avoir des « bretonnants chrétiens » si une communauté vivante et visible de « chrétiens bretonnants » ne vient pas leur prouver que l’Eglise reconnaît et partage pleinement leur choix, c’est à dire leur amour de la langue bretonne.

 

C’est tout simple mais c’est ici que le bât blesse.

 

En effet, aussi injuste que cela puisse paraître à certains, un observateur extérieur, au vu des actes officiels de l’évêché, de ses circulaires diverses, au vu de l’architecture de son site internet, au vu des signes donnés par la majorité des paroisses, que sais-je encore … cet observateur extérieur ne peut que conclure que la communauté actuelle de « chrétiens bretonnants », bien peu visible en dehors de quelques dates et de quelques lieux, est largement ignorée en temps habituel ; parfois même, tout juste tolérée.

 

D’ailleurs, sans exagérer beaucoup, le propos le plus souvent entendu – oh ! bien sûr, pas officiellement ! -  est toujours à peu près le suivant : « Ecoutez ! Croyez-vous vraiment qu’avec des églises qui se vident, avec des finances en perdition, avec des vocations sacerdotales et religieuses quasi inexistantes, nous ayons encore du temps à perdre avec votre histoire de langue bretonne ? ».

 

C’est donc bien ici que le bât blesse et nous avons finalement à répondre à ceci :

 

sommes-nous en mesure de convaincre notre Eglise diocésaine de l’importance du témoignage que nous portons, nous, membres ou sympathisants du centre spirituel bretonnant de Quimper et Léon ?

 

Parce que tout est là :

 

Si nous n’en sommes pas capables comment nous étonner de la réaction ci-dessus ?

 

Evidemment je n’ai pas de solution toute faite. Tout juste un témoignage. Celui du non-bretonnant de naissance que je suis, qui a passé toute sa vie professionnelle hors de Bretagne, souvent hors de France et qui, de retour au pays avec la retraite, a découvert, grâce au Minihi Levenez, une spiritualité, c’est à dire une expression religieuse, qui trouvait une étonnante résonance en lui.

 

Du coup, je me suis mis à apprendre le breton.

 

Si le cerveau est trop rouillé pour espérer le parler ou le comprendre un jour, du moins couramment, je crois y avoir relevé un certain nombre de caractéristiques qui peuvent servir à alimenter la réflexion que nous avons à faire.

 

Ce ne sont que des pistes.

 

Ainsi, après avoir précisé ce qui m’intéresse dans une langue, je vous proposerai trois observations qui, toutes trois, débouchent sur des liens entre le breton et ce que je perçois de notre spécificité religieuse.

 

J’espère que ces petits joyaux inciteront de plus compétents à poursuivre le travail.

 

Qu’est-ce qu’une langue ? 

 

Une langue ? C’est le moyen existant, le plus complet qui permette à des personnes d’un même ensemble de communiquer entre elles.

 

S’il n’y avait que cela, force serait de constater que le français remplit ce rôle, aujourd’hui, en Bretagne.

 

Mais une langue n’est pas que cela.

 

Une langue naît peu à peu ; évolue au gré des siècles ; s’enrichit des contacts avec les autres … Bref, une langue vit.

 

Au fil des générations, elle devient le miroir, l’expression la plus achevée du groupe humain dont elle est issue.

 

Ce dont on finit par ne plus se rendre compte, c’est qu’une langue en arrive à véhiculer beaucoup plus que ce que l’on croit lui confier dans un banal échange avec autrui. Elle s’est peu à peu chargée de tellement d’expériences, de tellement de sensations, qu’elle en a gardé des traces « subliminales », des traces touchant à l’inconscient ; et ces traces, l’utilisateur du moment les transmet sans même s’en rendre compte.

 

C’est ce point qui m’intéresse.

 

Un seul exemple pour bien me faire comprendre.

 

Pour désigner la voûte céleste, le français dispose  des mots « ciel »  et « firmament » ; or ces deux mots sont également employés pour désigner le lieu où Dieu réside : « Notre Père qui es aux cieux … ». Ainsi, non seulement, par le simple fait de cette confusion, la langue française suggère-t-elle la localisation de Dieu dans un ailleurs lointain mais encore le mot « ciel » contient  l’idée que cet ailleurs est « caché » ou « secret » comme l’indique une étymologie que l’on retrouve dans « celer » et dans « cil » ; sentiment renforcé par le mot « firmament » avec les concepts  de « fermeture » et d’espace clos présents dans « fermoir » ou dans « firme ».

 

A l’opposé, le breton distingue totalement la voûte céleste, pour laquelle il utilise le mot « oabl » et le séjour divin, pour lequel il dispose de « neñv » : « Hon Tad hag a zo en neñv … ». Cette différence se renforce encore en constatant que le terme « neñv », qui existe dans toutes les langues celtiques sous des formes très proches, est  issu de la racine « nem ». Cette dernière est bien connue ; à l’époque pré-chrétienne, elle servait, avec les « nemeton », à désigner les espaces sacrés qui, sur terre, avaient vocation à représenter – au sens fort de « rendre présent » - la totalité du cosmos, divinités inclues. Nous connaissons tous au moins l’un de ces « nemeton » : celui qui donne désormais lieu à la troménie de Locronan, en bordure de l’actuelle forêt … du Nevet. Qu’est-ce à dire ? Sinon que, par sa seule langue, sans qu’il lui soit besoin d’explication supplémentaire, le Breton vit dans le sentiment que Dieu n’est pas « ailleurs, lointain et caché » mais bel et bien présent au cœur même de l’espace où lui-même évolue.

 

Bien entendu, ni le locuteur français, ni le locuteur breton n’ont une conscience explicite de tout cela.

 

Ce n’est qu’un tout petit exemple ; il est suffisant pour comprendre qu’une langue véhicule beaucoup plus que ce que l’on croit.

 

Parce qu’elle charrie mille et mille richesses, enfouies et ignorées, un langue contribue à modeler l’inconscient – l’identité - d’un peuple. Si elle cesse d’être utilisée dans la vie de tous les jours, cet inconscient dont elle est porteuse ne s’évacue, lui, que très progressivement et, sans doute, jamais totalement.

 

Ainsi, quiconque veut toucher la fibre intime d’un peuple, « entrer en résonance » avec lui, doit chercher ce ressort dans les trésors de sa langue maternelle, quand bien même une majorité de ce peuple ne la pratiquerait-il plus couramment.

 

Qu’est-ce que cette approche apporte à la compréhension du lien entre notre langue et la spécificité religieuse bretonne ?

 

Je n’ai ni la qualité, ni le temps de faire le tour complet de la question. Je vous propose simplement maintenant trois bien modestes petites pistes sous forme de perles, issues des trois domaines différents que sont la syntaxe, le vocabulaire et les expressions.

 

 

 

La syntaxe

 

Mille choses à dire !

 

Un peuple dont la langue manifeste qu’il n’a adopté le verbe « kaout », « avoir », que tardivement ; au point que ce verbe soit le seul à y conserver un mode de conjugaison typiquement étranger ; ce peuple ne peut qu’entretenir un rapport singulier avec la notion de propriété, donc avec la richesse…. !

 

Je vous propose une autre particularité, celle du verbe « ober » (faire) en tant qu’auxiliaire.

 

Le breton, comme le français, comporte les formes verbales « active » et « passive » ; il n’y a pas, là, de différences essentielles entre les deux langues.

 

En revanche, le breton possède une forme intraduisible en français, au moins littéralement, celle où le verbe  « ober », ( faire), est auxiliaire : « komz a ran deoc’h bremañ » (mot à mot : « parler je fais à vous maintenant »).

 

Si l’on veut bien imaginer une décomposition de cette phrase, on y trouve la définition d’une action (parler) et le constat de son exécution ( je fais) par un sujet qui, du coup, en devient comme spectateur.

 

Spectateur !

 

Grâce à ce mode de structure de phrase, le sujet n’est plus simplement ou agissant (forme active : je parle), ou subissant (forme passive : je suis écouté) ; il a acquis la possibilité de prendre du recul, de regarder, de contempler : « parler, je fais ».

 

Les grammairiens vont certainement y trouver à redire : j’ose inventer le terme de « forme contemplative » en sus des formes « active » et « passive » …

 

Mais si j’ai cette audace, c’est qu’auparavant j’ai été frappé de découvrir à mon tour ce que tous les observateurs ont maintes fois souligné : comme tous les Celtes, le Breton est un poète, le Breton est facilement rêveur, le Breton a le génie de la description … Le Breton est un « visionnaire ». Il y a du « prophète » dans tout Breton.

 

Quiconque l’ignore ou l’oublie n’a que bien peu de chances de le toucher.

 

Ce mode que j’appelle « contemplatif » a-t-il contribué à transmettre cet élément d’identité aux générations suivantes sans même qu’il soit nécessaire d’en parler ? S’agit-il d’un lait maternel ?

 

Toujours est-il que j’ai été tout naturellement conduit à établir un lien entre cette particularité syntaxique et une spiritualité dans laquelle l’immanence divine tient une place centrale.

 

Contempler.

 

Rendre gloire et contempler n’est-ce pas ce qu’ils nous ont tous plus ou moins transmis de sainte Brigitte de Kildare à saint Hervé, le barde aveugle et, bien au delà, Salaün ar Foll ?

 

Voir dans toute la création, dans les moindres détails de celle-ci, non pas seulement l’œuvre du Créateur mais le Créateur Lui-Même.

 

Les conséquences de cette sensibilité sont immenses ; déclinables à l’infini.

 

Le Breton bretonnant, de naissance ou pas, mais avec lui le Breton qui croit tout ignorer de sa langue, le peuple breton en entier donc, peut parfaitement n’en avoir aucune conscience : son mental en est toujours, qu’il le veuille ou non, imprégné.

 

Ai-je été trop loin ?

 

En tous cas, je continue avec la piste du vocabulaire.

 

 

 

Le vocabulaire 

 

 

 

Le francophone que je suis en est resté « baba » … Comment se fait-il ? Comment peut-il exister un peuple qui ne dispose que du mot « glas » pour dépeindre le bleu et le vert naturel ? Il n’est pas question de daltonisme, de confusion des couleurs, puisqu’il existe le mot « gwer » pour le vert à la seule condition qu’il soit artificiel …

 

Un peuple qui n’éprouve pas le besoin de trancher entre le bleu et le vert naturel mais qui donne à l’adjectif « glas » bien d’autres ambitions que de se limiter à de la couleur … « Mor glas », ce n’est pas uniquement la « mer bleue » ; d’ailleurs elle est rarement bleue ; c’est beaucoup plus « la mer propre », « la mer pure », la mer comme elle devrait être, quoi !

 

Voilà qui n’est pas banal et qui mériterait qu’on s’y attarde.

 

Malgré tous les prolongements possibles offerts par le mot « glas », j’en ai retenu un autre : le mot « gouel ».

 

J’aimerais être dans le cerveau d’un bretonnant. « Gouel » y évoque-t-il la fête, ou les larmes, ou les deux à la fois ?

 

Comment un même mot peut-il signifier une chose et son apparent contraire absolu ?

 

La fête et les larmes.

 

Bien sûr, des étymologistes pointilleux vont vous dire qu’il y a, en réalité, deux mots ; totalement identiques en apparence mais distincts par le sens parce qu’issus de deux origines différentes dues à notre histoire à la fois celte et latino-saxonne.

 

Quoi qu’il en soit, la question n’est pas tant dans l’origine toujours controversée d’un mot que dans la persistance de son utilisation. Je veux dire que s’il y avait eu incompatibilité entre les deux sens, l’un ou l’autre aurait fini par être éliminé. Il n’en a rien été ; donc le mental breton n’a éprouvé aucune objection, aucune gêne, à faire cohabiter la fête et les larmes.

 

Nous sommes ici pour parler de religion.

 

Chacun sait à quel point l’une des objections les plus répandues à l’annonce du Dieu d’Amour est l’existence du malheur. Qui n’a jamais douloureusement entendu, ou lancé lui-même, ce cri de révolte : « Comment Dieu peut-Il permettre ça ? » ?

 

Et je pose la question : est-ce que le peuple dont la langue parle de fête et de larmes avec le même mot n’est pas déjà sur la voie tellement paradoxale de l’Evangile ?

 

Est-ce que sa langue ne l’y conduit pas inconsciemment, elle qui est allée jusqu’à adopter le mot étranger « fest » (« fest deiz », « fest noz ») pour désigner cette sorte de fête qui, en devenant profane, pouvait cesser d’avoir vocation à rappeler que les larmes en sont inséparables ?

 

Permettez-moi de ne pas en dire plus car je sors bien trop de mon petit domaine de compétence.

 

Néanmoins j’aimerais vous confier que ce rapprochement ne m’est vraiment apparu qu’avec la découverte de cette spiritualité d’ascèse sereine, d’ascèse joyeuse, que le Minihi Levenez m’a permis de faire à l’occasion de pèlerinages aux sources de notre foi bretonne ; en Irlande particulièrement.

 

La joie du Lough Derg ! La vraie joie du Purgatoire de saint Patrick ! N’est-ce pas aussi la joie libératrice de cette rude montée vers Prat Ar C’horn lors de la troménie de Locronan ?

 

Une  catéchèse qui reculerait, chez-nous, devant la difficulté d’associer la fête et les larmes, la joie du Paradis et la Croix, n’aurait, à mon très humble avis, que bien peu de chance de toucher le milieu du cœur breton.

 

Et j’en arrive à la piste ouverte par les locutions bretonnes.

 

 

 

Les locutions

 

 

 

Là encore, il n’y a que l’embarras du choix tellement la langue bretonne, langue de « contemplation », est riche en images colorées.

 

Le but que je me suis proposé se limite à tenter de mieux faire comprendre combien le mental d’un peuple peut avoir été inconsciemment façonné par la langue qui lui sert (ou lui a servi durant des siècles) de moyen de communication.

 

L’expression que je retiens est celle que nous utilisons pour faire part d’un deuil : « mont da anaon ».

 

Quelle expression étonnante !

 

Le verbe « mont » (aller) indique un mouvement, un déplacement dont « anaon » (l’« âme des morts », selon le dictionnaire) devrait être le terme, le but ; mais comment la traduire en français ? « aller vers l’âme des morts » ? Cela n’a aucun sens …

 

J’ai été d’autant plus interpellé par cette tournure que toute une littérature plus ou moins romantico-commerciale venait me parler de l’Ankoù comme de la sinistre personnalisation de la Mort en Bretagne. L’Ankoù… les grincements dans la nuit noire de la charrette de l’Ankoù

 

Une fois de plus, je me suis tourné vers les phonèmes, ces marqueurs de l’inconscient, pour tenter d’y voir clair ; tenter une hypothèse.

 

Dans « Ankoù » je constate la même racine que dans « anken » (« angoisse ») ; mais également dans « ankouaat » ou « ankounac’haat » (« oublier ») et je crois comprendre que, par cette parenté, nos pères ont voulu nous transmettre l’angoisse, non pas de la mort elle-même mais de cette sur-mort, de ce supplément de mort, que peut constituer l’oubli par les vivants ; leur reniement (« nac’hadenn »).

 

En revanche, « anaon » m’évoque « anv » (le « nom »), le tout début du processus de connaissance, d’où logiquement « anaout »,« anavezout » (« connaître ») et il me revient que les druides donnaient à la pomme des vertus de connaissance divinatoire. La pomme ? « Aval » ; le pommier ? « Gwez-avaloù » mais aussi « avalenn » … Et l’île du séjour des morts n’était-elle pas l’île d’Avallon ? Île justement plantée de pommiers selon la légende arthurienne ?

 

Est-ce que notre expression « mont da anaon » ne s’éclaire pas tout d’un coup ? Le défunt irait alors vers cette île de la connaissance bienheureuse devenue, avec le christianisme, le Paradis, la Vision béatifique du Dieu d’Amour ; « Avalon » se serait mué au cours des siècles en « anaon ».

 

Songez à cette baie des Trépassés à qui l’on fait si mauvaise réputation, au bout du Cap Sizun, face à l’île de Sein. On voudrait que l’on y imagine une sorte de danse macabre sur fond de naufrages …

 

Quelle erreur commet-on lorsqu’on oublie la langue et ses messages !

 

Les Trépassés ? Mais le mot breton « trepas », qui d’ailleurs, comme en français, nous est venu du latin ; le bretonnant l’utilise tous les jours ; « trepas », c’est le corridor de sa maison, le couloir, le passage … La baie des Trépassés n’est autre que le lieu d’embarquement, de passage, vers l’île visible au loin, l’île de Sein, qui faisait figure d’Avallon. 

 

« Mont da anaon ».

 

Peut-parler de la mort à un Breton si l’on ignore le sens profond de cette expression ?

 

La mort n’a rien à voir avec l’Ankoù et le Breton n’a d’autre angoisse à avoir que celle qui relève de l’oubli, du reniement.

 

Oubli des siens ? Oubli de l’Amour de Dieu ? Oubli de la foi de ses pères ?

 

Reniement de sa langue ?

 

Il est temps de conclure.

 

 

 

Conclusion

 

  

 

Il y aura toujours des « bretonnants ».

 

Beaucoup ? Pas beaucoup ? Cela ne tient qu’à nous et à la priorité que nous, Bretons, accorderons à cet enjeu.

 

Dieu sait qu’il est capital !

 

Y aura-t-il, demain, des « bretonnants chrétiens » ? Là, la réponse appartient à notre Eglise. Saurons-nous l’en convaincre ? Tout, ou presque tout appelle les bretonnants à en faire partie ; à ceci près que le « presque » dont il est question c’est le partage visible par l’Eglise, de leur amour pour notre langue. La visibilité de ce partage, aujourd’hui, n’y est pas réalisée.

 

Ce qui est le plus grave, on l’aura compris, c’est que, ce faisant, notre Eglise se prive de la chance la plus sûre de toucher le cœur du peuple qui lui est confié. Ce peuple n’est plus majoritairement bretonnant ? La belle affaire ! Ouvrons les yeux : son mental l’est toujours ; qu’il le veuille ou non ; qu’il le sache ou pas.

 

Comment en appeler à un meilleur témoignage qu’à celui que l’on doit à la sensibilité poétique d’un Max Jacob ? Comment ne pas citer ce génial passage surréaliste du « Cornet à Dés » : « … Dans cette forêt bretonne où la calèche avance, il n’y a qu’un ange moqueur : la paysanne en rouge dans les branches qui se rit de mon ignorance de la langue celtique. » ? 

 

Ce partage dont il est question, dépasserait-il les moyens humains ou financiers de l’Eglise d’aujourd’hui ? Non, bien sûr puisqu’il n’est nul besoin de moyens.

 

Il n’est question que de compréhension, de reconnaissance et, surtout, d’amour.

 

Alors, oui, si cet amour se manifeste clairement, quotidiennement, c’est une certitude absolue, il y aura, demain, des « bretonnants chrétiens ».

 

 

 

Beaucoup et pour longtemps !

 

 

 

(donné en l’église de Tréflévénez, le 27 octobre 2012, à l’occasion du jubilé sacerdotal de Père Job an Irien et de ses 75 ans)

 

 

 

 An hent da vont da bask...

Bonne route vers Pâques...

 

Anvet e vez anezho "stasionoù ar goraiz". 

Ur strollad brezhonegerien kristen en em stroll bep mec'her da noz e-pad mare ar c'horaiz evit pediñ, prederiañ war aviel an deiz ha debriñ koan asambles.

Pal ar gejadenn-se a zo gortoz asambles mister pask en ur degemer ar re all gant joa.

Mat eo lenn kannad ar pab Benead 16 evit ar c'horaiz: "Ar sklerijenn a sked dalc'hmat ar bed en deñvalijenn eo, reiñ a ra deomp kalon da vevañ ha da vont."

Ra ma vefe prantad ar c'horaiz ur mare awenet mat!

                                    

 

 

 On les appelle "les stations de carême ".

Chaque mercredi soir le temps du carême,un groupe de chrétiens bretonnants du secteur de landerneau,se retrouve autour d'une table familiale pour prier , refléchir sur l'évangile du jour et partager un repas léger .

Cette attente dans la joie et l'acceuil de l'autre permet à chacun de se préparer à la célébration du mystère Pascal.

et il est bon de lire le message du pape Benoît 16 pour ce carême:

il est la lumière qui illumine sans cesse à nouveau un monde dans l'obscurité et qui nous donne le courage de vivre et d'agir"

(extrait à lire sur le site internet @la-croix.com)

bon carême a tous!

 

 

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An Azvent.

 

L'Avent.

 

An Azvent, mare evid en em prientiñ da regemer sklerijenn ar C'hrist

 

L'Avent, temps de préparation pour accueillir la lumière du Christ

 

E-pad an Azvent, ur strollad brezonegerien kristen eus bro-Landerne ha pedenet assembles e-pad 3 merc'her diouz renk

Durant ce temps de l'Avent, un groupe de bretonnants chrétiens du secteur de Landerneau s'est retrouvé 3 mercredis de rang,

 

 

 

Bep sizun, pep hini d'e dro en deus degemeret ar strollad en e di evid an oferenn lidet gant Job An Irien,

Pour ce temps de partage et de prière, chacun à tour de rôle, à son domicile, a reçu les autres participants, autour d'une célébration eucharistique animée par le père Job An Irien,

 

 

 

Ar strollad en deus bed tro da brederiañ war aviel an deiz ha da zebriñ koan asambles,

Les participants ont eu l'occasion de réfléchir sur l'Evangile du jour et de partager un repas léger en toute simplicité,

 

 

 

Ar gejodennoù – se a zo bet evid pep hini ur mare kreñv ha brokus a – benn gortoz nedeleg ha sklerijenn joaius ar C'hrist,

Ces soirées de l'Avent ont été pour chacun, adultes, jeunes et enfants, un temps fort et fraternel dans l'attente de Noël.