Ar pôtrig a zeg vloaz pe war-dro a zelle aketuz ouz ar skulter o labourad stard. Hemañ, a daoliou kizell, a ziskolpe tammou bihan euz ar pez mên-greun war behini e laboure. Ober a rae an dro dezañ, cheñch ostill ha kemer eur gizell yen pe unan all begokoc’h, ha skei adarre. A-nebeudou e teue ar mên braz-se da gaoud eur stumm : hini penn eur marc’h. Hag ar pôtrig a gredas ober eur goulenn : «Penaoz ’peus gouezet e oa eur marc’h er pez-mên-se ?» Ar c’hizeller a jomas a-zav da labourad, a zellas ouz ar pôtrig hag a lavaras dezañ : «Ma ne vije ket bet em fenn da genta, n’am bije morse kavet anezañ er pez-mên-mañ. Ar skeudenn a oa em fenn a heñche va dorn ha va c’hizell. N’am-eus greet nemed rei da weled ar penn-marc’h a oa kuzet er mên hag a oa dija em c’halon.»
N’ouzon ket petra nije respontet d’eur seurt goulenn Roland Doré, hag a zine ‘Alaouret’, er 17ved kantved, pa gizelle ar C’hrist war kement a groaziou hag a galvariou savet gantañ. Kalvar chapel Sant-Denez e Sezneg Plogoneg a ziskouez eur C’hrist er memez tro glaharet hag e peoc’h : Roland Doré hag e-neus kizellet anezañ a zouge moarvad ar zantimañchou-ze en e galon. Ar pez a zo an donna ennom a zeu d’en em ziskouez er pez a reom. Kement-se a zo gwir evid or c’homzou, hag a c’hell beza ken gwir all evid ar pez a zeu euz labour on daouarn, pe ve kizelladur pe livadur da skwer.
Laouen braz vijen bet oc’h ober ar memez goulenn ouz ar re o-deus treset hag enlivet kaerra leor a vefe morse bet savet er bed, «Leor Kells*». Leor ar pevar Aviel eo, bet skrivet war parch war-dro ar bloavez 800 da genta e enezenn Iona, Bro-Skos, ha goude-ze e Kells, Norz-Iwerzon, ’lec’h m’o-doa menec’h Iona kavet repu ablamour d’ar Vikinged (68 manac'h lazet). Penaoz eta o-deus gellet sevel eul leor ken seder ha ken burzuduz m’eo bet anvet «Oberenn an êlez», ha kement-se en eur mare ken trubuillet. Al liou a zo chomet fresk ha beo, hag an etrelasou a gan kildroennou ar vuez ha puillentez an natur. Lod euz an etrelasou a zo ken munud ma ne weler anezo mad nemed gand eur werenn-greski. Pebez fiziañs ha pebez peoc’h diabarz a oa e kalon ar venec’h arzourien evid sevel eun oberenn ken vurzuduz ! N’ouzon ket hag ez-eus an hebeleb peoc’h en on donded deom-ni pa red atao ar viruz-kurunenn ? On oberou henn diskouezfe !
*Leor Kells a c’hell beza gwelet e Trinity College, e Dulenn, Bro-Iwerzon.
Le petit gars de dix ans ou environ regardait attentivement le sculpteur qui travaillait dur. Celui-ci, à coups de burin, détachait des petits morceaux du bloc de granite sur lequel il travaillait. Il en faisait le tour, changeait d’outil et prenait un autre burin ou un ciseau plus pointu, et frappait encore. Peu à peu ce gros bloc prenait forme : la tête d’un cheval. Et le petit gars osa poser une question : «Comment tu as su qu’il y avait un cheval dans cette pierre ?» Le sculpteur s’arrêta de travailler, regarda le petit gars et lui dit : «S’il n’avait pas été dans ma tête d’abord, je ne l’aurais jamais trouvé dans ce bloc de pierre. L’image qui était dans ma tête guidait ma main et mon burin. Je n’ai fait que donner à voir la tête de cheval qui était cachée dans la pierre et qui était déjà dans mon coeur.»
Je ne sais pas ce qu’aurait répondu à une telle question Roland Doré, qui signait ‘Alaouret’, au XVIIème siècle, quand il sculptait le Christ sur tant et tant de croix et de calvaires qu’il a érigés. Le calvaire de Saint-Denis à Seznec en Plogonnec montre un Christ qui est à la fois affligé et en paix : Roland Doré, qui l’a sculpté, devait sans doute avoir ces sentiments dans son coeur. Ce qui est le plus profond en nous s’exprime dans ce que nous faisons. Ceci est vrai pour nos paroles, et peut être aussi vrai pour ce qui sort du travail de nos mains, qu’il s’agisse de sculpture ou de peinture par exemple.
J’aurais été très heureux si j’avais pu poser la même question à ceux qui ont dessiné et enluminé le plus beau livre qui ait jamais été réalisé dans le monde, «le livre de Kells*». C’est un évangéliaire, écrit sur parchemin autour de l’an 800, d’abord dans l’île d’Iona en Ecosse, puis à Kells dans le nord de l’Irlande, où les moines avaient trouvé refuge à cause des Vikings (68 moines massacrés). Comment ont-ils pu réaliser un livre si serein et si merveilleux qu’on l’a appelé «L’oeuvre des anges», et cela dans une époque aussi troublée ! Les couleurs sont demeurées fraiches et vivantes, et les entrelacs chantent les méandres de la vie et le foisonnement de la nature. Certains des entrelacs sont si menus qu’on ne les voit bien qu’à l’aide d’une loupe. Quelle confiance et quelle paix intérieure n’y avait-il pas dans le coeur des moines artistes pour réaliser une oeuvre aussi merveilleuse ! Je ne sais pas si existe une semblable paix dans la profondeur de notre coeur alors que court encore le corona-virus ? Nos actions le montreraient !
* Le Livre de Kells est exposé au Trinity College à Dublin, Irlande.
Job an Irien d'ar 5 a viz c'hwevrer/ le 5 février.