Follentez / Folie


   Mantruz eo ! Ar pez n’e-noa ket greet ar zoudard a oa e traoñ kroaz Jezuz - da lavared eo trerri dezañ e zivesker - a zo bet greet e Lannurvan war groaz mision 1892 d’an 29 a viz eost, hag amañ n’eo ket hepkén e zivesker a zo bet torret, med ive e zivrec’h. N’eo ket êz terri eur C’hrist e mên, hag evid hen ober, e ranke an den e-neus greet an torfed-se pignad war ar zichenn ha skei gand eur varrenn houarn. Siwaz, n’eo ket ar groaz hepkén a zo bet mastaret, med c’hoaz e-kichenn ar groaz, monumant ar re varvet er brezeliou : amañ eo ar pevar obus braz, stag mad koulskoude ouz o leurenn, a zo bet tumpet hag en eur goueza o-deus frigaset ar mên-bez a oa e-kichenn. Seiz bez all o-deus gouzanvet fulor pe follentez ar re o-deus greet kement-se : kroaziou tumpet pe torret, podou bleuniou frigaset, eur mên-sonn torret. Ar re o-deus greet an taol-fall-se ne ouient ket petra e vedont oc’h ober. Frouez ar boeson, pe frouez eur bariadenn zod ? Pe c’hoaz fulor a-eneb kement tra sakr ? Evid kas da benn eur seurt dismantr e oa red dezo beza meur a hini, pôtred yaouank kreñv moarvad...
   Perag en em gemer evel-se ouz ar pez a zo sakr evid an oll dud a skiant-vad ? Beteg-henn n’eus bet kavet roud ebed, na sinadur ebed euz an taol-fall-se. War a zeblant, n’eo ket bet greet eta en ano eun ideologiez bennag. Gouzoud a reer ne ’z-eus sevenadur ebed ha ne vefe ket diazezet war an doujañs e-keñver ar re o-deus roet deom ar vuez. Nemed eun doare a vefe bet d’ar re yaouank-se da ziskarga o c’hounnar a-eneb ar bed-se, bet savet gand on tadou, eur bed ’lec’h ma ne gavont ket o flas ? Kalz martezeadennou a-seurt-se a c’hellfer ober evid klask kompren... Heuget e chomer gand an doare-ze d’en em gemer ouz an anaon.
   Anad eo n’o-deus ket gouezet ar pez a raent! Ar mên-bez, frigaset e-kichenn ar monumant, a zo hini eur marokan hag e-neus klasket gand e gorf gwarezi e gabiten, beziet skoaz-ha-skoaz gantañ, pa ’z-int bet lazet o-daou e Marseill e 1944. Ar bedenn-mañ, skrivet gand komandant eur Goum, a lavar kement-mañ : «O Aotrou, grit ma vo brezelourien kaled Berber skoaz ha skoaz ganeom e peoc’h ho paradoz, ’vel ma vedont war an dachenn a vrezel, ha ma ouezint, Aotrou, pegement on-eus karet anezo!» Torret eo ar mên-bez, med ar bedenn ne c’hell ket beza mouget !

 La folie comme le ciel – Anti-K  C’est lamentable ! Ce que n’a pas fait le soldat qui était au pied de la croix de Jésus - c’est à dire lui casser les jambes - a été fait à Saint-Urbain sur la croix de mission de 1892 le 29 août, et ici ce ne sont pas seulement les jambes qui ont été cassées, mais aussi les bras. Ce n’est pas facile de casser un Christ en pierre, et pour le faire, celui qui a accompli ce méfait devait monter sur le socle et frapper avec une barre de fer. Hélas, ce n’est pas seulement la croix qui a été dégradé, mais aussi auprès de la croix le monument aux morts des guerres : ici ce sont les quatres grands obus, bien fixés pourtant sur leur dalle, qui ont été renversés et en tombant ont écrasé la pierre tombale à côté. Sept autres tombes ont subi la fureur ou la folie de ceux qui ont fait cela : croix renversées ou cassées, pots de fleurs brisés, une stèle brisée. Ceux qui ont accompli ce mauvais coup ne savaient pas ce qu’ils faisaient. Conséquence de la boisson ou fruit d’un pari idiot ? Ou encore fureur contre tout ce qui est sacré ? Pour réaliser une telle destruction, il fallait être plusieurs, des jeunes costauds sans doute...
   Pourquoi s’en prendre ainsi à ce qui est sacré pour tous les gens de bon sens ? Pour le moment, il n’a été trouvé aucune trace ni signature de ce mauvais coup. A ce qu’il semble, cela n’a pas été réalisé au nom d’une quelconque idéologie. On sait qu’il n’y a pas de civilisation qui ne soit fondée sur le respect de ceux qui nous ont donné la vie. Serait-ce, pour ces jeunes, une façon de décharger leur colère contre ce monde que leur lèguent nos pères, un monde où ils ne trouvent pas leur place ? On peut échafauder bien des hypothèses de ce genre pour essayer de comprendre... On reste dégoûté par cette façon de s’en prendre aux défunts.
   Il est évident qu’ils n’ont pas su ce qu’ils faisaient! La pierre tombale, écrasée auprès du monument, est celle d’un marocain qui a cherché à protéger de son corps son capitaine, enterré juste à côté, lorsqu’ils ont été tués tous les deux à Marseille en 1944. Cette prière, écrite par le commandant d’un Goum, dit ceci : «Seigneur, faites que les durs guerriers Berbères soient épaule contre épaule avec nous dans la paix de votre paradis, comme ils l’étaient sur le champ de bataille, et qu’ils sachent, Seigneur, combien nous les avons aimés !» La dalle est cassée, mais la prière ne peut pas être étouffée !

Job an Irien d'ar 11 a viz gwengolo / le 11 septembre.